Historique du 9 ème Arrondissement


 

Histoire du 9e arrondissement
« Les marais sous Montmartre »
Les fouilles archéologiques ont montré que le site du 9e arrondissement de Paris fut occupé dès la préhistoire. Au Moyen Age, la zone sud de l’arrondissement jusqu’aux contreforts de la butte Montmartre était marécageuse.
Au IVe siècle, après avoir rapporté les reliques de Sainte Opportune à Paris, des Chanoines s’installent dans les « marais sous Montmartre ». Ils exploitent les terres, avec des vergers, des jardins potagers et maraîchers.
Plusieurs granges sont édifiées, notamment en 1243, à l’emplacement du 9 rue Drouot, la Granchia Batilliaca, qui prend le nom de Grange Batelière en 1410. Cette grange a appartenu à l’Evêque de Paris, puis elle a été cédée aux sires Laval, et en 1410 à Jean de Malestroit, évêque de Saint-Brieuc. Au XVIIIe siècle, le bâtiment principal est transformé en hôtel particulier.
Au Xe siècle, la reine Adélaïde, veuve de Louis VI le Gros, fut la fondatrice et la première abbesse de l’abbaye de Montmartre. Elle constitua le fief des Dames de Montmartre, qui s’étendait du sommet de la butte Montmartre à l’actuelle rue Richer et jusqu’à l’emplacement de l’église de la Trinité.
Le village des Porcherons

Dès 1290, une famille de riches bourgeois, les Pocheron ou Porcheron, possédait de nombreuses habitations autour du chemin suivant le tracé de l’actuelle rue Saint-Lazare. Ainsi, le hameau prit le nom de « Village des Porcherons », qu’il gardera jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. En 1310, la famille fit construire une forteresse, ou château des Porcherons. Le château et son fief s’étendaient jusqu’aux actuelles rues Saint-Lazare, du Havre, de Provence et Cadet.
En 1380, la famille Le Cocq acquit la propriété et réalisa des travaux dans le château, désormais château du Coq. Il resta dans la famille jusqu’au XVIIIe siècle. Après la Révolution, le château tomba en ruines et il fut complètement rasé lors des travaux Haussmanniens.
Du XIIe au XIVe les « Marais de Paris » ont été asséchés, avec la création de grands canaux, dont un traversant l’arrondissement, le « Fossé Chantereine » appelé ainsi car proche du marais où étaient pêchées des grenouilles. Plus tard, il prendra le nom de « Grand Egout », puis il sera comblé en 1771 pour permettre l’ouverture des rues de Provence et Richer.
Au XIIe et XIIIe siècles, les friches étaient souvent inondées, les terres étaient donc occupées par des cultures maraîchères et quelques vignes, notamment au sud de ce qui est maintenant la rue Saint-Lazare. Le quartier gardera une vocation agricole et ne changera pas beaucoup jusqu’au XVIIe siècle.
Les Grands Boulevards

En 1676, Louis XIV va ordonner la démolition de l’enceinte des « Fossés Jaunes », qui avait été initiée par François Ier et terminée sous Louis XIII. Le mur est alors remplacé par un « cours » : large chaussée encadrée de deux contre-allées, plantées chacune de deux rangées d’arbres. Ces promenades prennent le nom de boulevards, terme qui désignait les terre-pleins des remparts militaires. Ainsi, de 1680 à 1705 sont ouverts les boulevards Poissonnière, Montmartre, des Italiens et des Capucines. Ces larges avenues arborées vont devenir célèbres en Europe. La physionomie de la ville change profondément. De nombreux commerces s’installent autour des boulevards et le quartier va se développer, grâce au percement de rues perpendiculaires partant vers les faubourgs, au-delà des murs de la ville et donc non soumis à l’octroi, la taxe sur les marchandises importées. Ceci explique la spécialisation dans différents domaines, notamment dans le commerce du vin.
C’est donc pendant le XVIIIe siècle que vont s’installer des auberges, guinguettes et cabarets, notamment dans les quartiers Saint-Georges et Rochechouart. A l’angle de la rue Saint-Lazare et de la rue de Clichy s’établit par exemple un des cabarets les plus célèbres de l’époque : « La Grande Pinte » de Magny, repris en 1760 par Ramponneau qui l’appela « Les Porcherons ». En 1787, la rue des Martyrs compte 25 auberges pour 48 maisons !
L’extension du quartier pousse Louis XV à ordonner, en 1720, « l’établissement d’un nouveau quartier entre la Ville l’Evêque et la Grange Batelière, jusqu’à la rue des Porcherons ». Ce sera la Chaussée d’Antin, qui va rapidement devenir très à la mode et se peupler de banquiers et de financiers, nouveaux riches qui vont faire construire, notamment rue Saint-Lazare, des folies ou « petites maisons », hôtels particuliers sous les feuillages (du latin sub foliis), entourés de jardins.
Les meilleurs architectes de l’époque sont sollicités. Brongniart construit l’hôtel de Mme d’Epinay et l’hôtel Bouret de Vézelay et Ledoux le « temple de Terpsichore » pour Mlle Guimard, première danseuse à la Comédie Française.
Ainsi, à la fin de l’Ancien Régime, la Chaussée d’Antin est devenue un des quartiers les plus résidentiels de Paris et peut rivaliser avec les faubourgs Saint-Germain et Saint-Honoré.
Au XIXe siècle, les grands boulevards acquièrent une notoriété internationale.
C’est « un des lieux les plus agréables qui soient au monde. C'est un des points rares sur la terre où le plaisir s'est concentré. Le Parisien y vit, le provincial y accourt, l'étranger qui y passe s'en souvient comme de la rue de Tolède à Naples, comme autrefois de la Piazetta à Venise. Restaurants, cafés, théâtres, bains, maisons de jeu, tout s'y presse ; on a cent pas à faire : l'univers est là. » (Alfred de Musset, Le Boulevard de Gand, Gallimard, 1960).
Plan du quartier de Montmartre vers 1680
Le mur des Fermiers Généraux et les boulevards extérieurs

En 1785, pour essayer de mettre fin à la fraude fiscale, le mur des Fermiers Généraux est construit et les barrières d’octroi de Ledoux ponctuent son parcours. C’est ce mur, une fois détruit, qui déterminera le tracé des boulevards de Clichy et de Rochechouart.
Durant le XIXe siècle, le quartier évolue. La population parisienne augmente considérablement et il faut répondre à la demande de logement. Ainsi ont lieu de vastes opérations immobilières. Les terrains encore cultivés situés entre les rues des Martyrs, de Clichy, Saint-Lazare et le boulevard Montmartre vont être lotis. En 1820, le quartier résidentiel de la Nouvelle-Athènes est dessiné par l’architecte Constantin. En 1824, ce sont la place Saint-Georges et ses abords qui sont aménagés. Viendront ensuite les quartiers Bréda et Notre-Dame de Lorette.
C’est seulement à partir de 1860 que le 9e arrondissement a une existence administrative, suite à la réforme créant les 20 arrondissements de Paris. Dans le 9e sont alors distingués quatre quartiers administratifs : les quartiers Saint-Georges, de la Chaussée d’Antin, du Faubourg Montmartre et Rochechouart.
Avec ses travaux, Haussmann va donner à l’arrondissement sa physionomie actuelle. Des immeubles de style éclectique remplacent la plupart des immeubles du XVIIIe siècle, et de grandes artères sont percées. Le quartier Rochechouart garde un aspect très industriel malgré le déplacement des usines à gaz vers la Villette et la fermeture des abattoirs de Montmartre. Dans le quartier Saint-Georges, qui reste un peu plus résidentiel, de nombreux immeubles de rapport en pierre de taille sont élevés.
Quartier des arts et des affaires

L’installation de banquiers, de négociants, d’industriels et des premières fortunes de France fait de l’arrondissement un important quartier des affaires. Les grandes banques comme la Société Générale, les compagnies ferroviaires et les grands magasins établissent leurs sièges sociaux dans l’arrondissement. De 1880 à 1910, environ la moitié des sièges sociaux des sociétés cotées à la Bourse de Paris sont dans le 9e arrondissement.
L’aristocratie et la grande bourgeoisie quittent le 9e pour d’autres quartiers plus résidentiels, comme dans le 8e arrondissement. Mais l’arrondissement reste très lié au monde des arts et des lettres. L’Hôtel des Ventes de Drouot, inauguré en 1852, attire les antiquaires et les marchands d’art. A partir de 1862, Charles Garnier construit l’Opéra et Haussmann en aménage les abords. De nombreux théâtres animent l’arrondissement : le Vaudeville, boulevard des Capucines ou les Nouveautés, ouvert en 1878 boulevard des Italiens, puis déplacé boulevard Poissonnière. Après 1870, de nombreuses librairies s’installent autour des rues Drouot, de Châteaudun et de l’Opéra. Le long du boulevard des Capucines, ce sont les cinémas qui fleurissent, suite à la première représentation publique payante de cinématographe des frères Lumières qui a eu lieu au Salon Indien du Grand Café en 1895. De grands journaux s’installent également dans l’arrondissement, tel Le Figaro rue Drouot.
La tradition des guinguettes du XVIIIe va se développer au XIXe siècle. En 1881, le célèbre Chat Noir de Rodolphe Salis s’installe 84, boulevard de Rochechouart puis en 1885 au 12, rue Victor Massé. Son théâtre d’ombres, animé par Henri Rivière aura un succès considérable.
Ancien Hôtel des Ventes de la rue Drouot
Evolutions aux XXe et XXIe siècles

Au lendemain de la première guerre mondiale, le 9e arrondissement évolue. Les banques et les compagnies d’assurances font élever de grands immeubles de prestige, les grands magasins s’agrandissent et se développent. La Chaussée d’Antin se vide, et le quartier de la Nouvelle-Athènes décline, ses habitants les plus fortunés s’en vont, tout comme les artistes qui partent pour Montmartre puis Montparnasse. Les cabarets se transforment peu à peu et les grands boulevards deviennent lieux de fête et de plaisirs.
Autour de Drouot, il n’y a plus de galeries d’art mais de nombreux antiquaires, numismates et philatélistes. Dans les années 1960, beaucoup d’immeubles anciens sont détruits. Cependant, depuis une vingtaine d’années, les artistes, les intellectuels, le monde du spectacle et de la danse ont réinvesti le quartier de la Nouvelle-Athènes. Aujourd’hui, le 9e arrondissement attire les touristes comme les parisiens. Ses quartiers résidentiels ou commerciaux, ses cabarets, théâtres et cinémas, son architecture et son patrimoine en font un des arrondissements les plus riches, aux attraits multiples.

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